Regardez bien cette exposition et devenez mes complices, voire mes amis en partageant un peu de l'admiration que je porte à Oberto. Au fil des ans, sa peinture m'est devenue aussi indispensable que les mots avec lesquels je jongle. J'ai le privilège de posséder des tableaux d'artistes aussi indiscutables que Magritte, Dali, Arman, Gromaire ou Gnoli, et je considère que Oberto est une grande révélation, promis à une superbe carrière. C'est pourquoi je vous dis, en mon âme et conscience : n'attendez pas que d'autres le découvrent avant vous !
Oberto est un créateur timide, parce que authentique. Sa fragilité en présence de la vie courante fait qu'il "se raye facilement", si vous me passez l'expression. Ce n'est pas lui qui viendra jamais à vous en brandissant ses œuvres : il faut aller à lui. Parce qu'il est pudique, il ne vous regardera pas examiner ses toiles. C'est là le signe infaillible de sa sincérité. Il est conscient de son talent, mais il a la pudeur des très grands.
Mon admiration pour lui s'est lentement muée en amitié. Une connivence fraternelle nous lie. Je me sens capable de jouer les bateleurs sur la place publique pour annonce aux passants qu'un remarquable peintre est né et que je le leur confie.
Le rêve chez Oberto se fait subversif, révélateur d'un au-delà des apparences et d'un silence où s'accomplit une part du destin. Pas une chose qui ne revête ce double mystérieux, ce contenu dépassant son enveloppe visuelle pour devenir médiatrice d'une donnée existentielle. Ces visions du monde, Oberto les accomplit avec un art de la représentation qui transpose sa peinture figurative en un langage chargé de significations.
Une atmosphère de recueillement et de plénitude empli l'atelier d'Oberto. Ici, la magie de la peinture prend tous ses droits. Autodidacte, en dehors des courant, Oberto a su conquérir la difficile maîtrise de la peinture à l'huile que tant d'autres maltraitent. Plein d'humilité, il parle simplement parfois de ses réussites, souvent de ses doutes, mais il a su en fait allier une peinture de notre siècle à la qualité d'exécution des maîtres d'autrefois.
Chez lui, c'est le cœur qui parle; le cœur et la souffrance de créer.
L'univers d'Oberto, c'est la poésie du quotidien que nous ne savons plus voir. Ici, les objets ont de la noblesse car ils ont une âme, cette chaussure abandonnée sur un chemin, cette porte rouillée, cette cage dont l'oiseau s'est envolé.
Oberto peint le temps, les marques du temps, qui content le passage de personnages absents.
Mélancolie du temps qui passe ? Non car toujours se cache dans un coin du tableau un bourgeon qui va éclore, une feuille qui va s'épanouir, un message d'avenir et de résurrection.
Comme dans la nouvelle de Marguerite Yourcenar sur le peintre Wang Fo, on peut rentrer dans chaque tableau d'Oberto comme par une porte qui nous ouvrirait le monde de l'humanité.
Take a good look at this exhibition and become my accomplice, or even my friend, by sharing some of the admiration I have for Oberto. Through the years, his painting has become as necessary to me as the very words I use. I have the privilege of owning paintings by artists as endowed as Magritte, Dali, Arman, Gromaire ou Gnoli, and I believe Oberto to be a great revelation, promised to a superb career. This is why I tell you in my soul and conscience : do not wait for others to discover him before you do !
Oberto is a shy creator, because he is authentic. His fragility towards daily life means he « scratches easily » if you will pardon the expression. He will never come to you waiving his latest creation ; you will have to go to him. Because he is shy he will not watch you examine his paintings. This is a sure sign of sincerity. He is conscious of his talent but shows the reserve and modesty of the great. My admiration for him has slowly shifted towards friendship. I feel capable of taking the role of town crier, and telling all passers-by that a great artist is born and that I wish to entrust him to them.
In Oberto’s work, the dream becomes subversive, a revelation of what lies beyond the apparent and the expression of a form of silence where fragments of destiny may be revealed.
This double mystery, where content will transcend it’s visual envelope to deliver an existential message is present throughout all of his work. Oberto delivers his vision of the world through a representational art that transposes his figurative painting into a language of meaning.
An atmosphere of reverence and fullness fills Oberto’s studio. Here, the magic of painting prevails. Self-made and beside the main stream, Oberto has mastered the difficult technique of oil painting that so many others mistreat. Humble, he sometimes speaks of his successes, often of his doubts, but mostly, he has in fact reunited today’s painting with the mastery and technique of yesterday.
Oberto speaks through his heart and through the creative suffering of his heart.
We see through Oberto’s eyes the poetry of daily life that we have lost the ability to see. Common objects here show dignity for they have a soul, this shoe abandoned along the road, that rusted door or this birdcage the bird has left.
Oberto paints time, the imprint of time that contains the passing-through of absent people.
Melancholy of time passing us by? No, for there is always in some hidden corner of the painting a bud soon to blossom, a leaf ready to unfold, a message of expectation and resurrection.
As Marguerite Yourcenar depicted in her novel about the painter Wang Fo, one can enter each painting by Oberto, as if through a doorway that reveals to us the world of humanity.
